Titre : Mario vs. Donkey Kong
Console : Gameboy Advance
Version : Européenne
Développeur : Nintendo
Editeur : Nintendo
Genre : Plates-formes
Nombre de joueurs : 1
Date de sortie : 19 Novembre 2004
En 1981, Shigeru Miyamoto crée avec Donkey Kong le premier jeu de plateforme et la première mascotte de Nintendo. En 1983, c'est un plombier italien qui vient faire de la concurrence déloyale au gorille lanceur de tonneaux, avec Mario Brothers...
Guerre perpétuelle
Aussi depuis plus de vingt ans, Mario et Donkey Kong se partagent-ils l'affiche des grands jeux de plateforme de chez Big N ; dont les plus populaires ont d'ailleurs été portés sur GameBoy Advance - la série des Super Mario Bros. pour le plombier moustachu, celle des Super Donkey Kong (Donkey Kong Country dans nos contrées) du coté du velu primate.
Il était temps pour les deux héros antagonistes d'en découdre à nouveau, dans ce Mario vs. Donkey Kong (MvsDK). Cette fois-ci pourtant, Donkey n'a nulle intention d'enlever quelque princesse pour susciter l'aversion de son vieux rival. Vautré devant son téléviseur, le grand singe autrefois si belliqueux paraît même bien inofensif. Seule, une publicité pour des figurines "Mini-Mario" parvient à le sortir de sa torpeur nonchalente.
Séduit par la réclame, le gorille se précipite chez son revendeur le plus proche afin d'acquérir le précieux produit. Mais une rupture de stock le conduit finalement à l'usine de production de jouets Mario & Co... que Donkey Kong s'empresse de dévaliser, au grand dam de son propriétaire. C'est à vous (Mario) de partir à la recherche des Mini-Mario ainsi capturés...
Retour aux sources
Ces quelques lignes de scénario sont un prétexte à un nouvel affrontement entre les deux stars inoxydables de Nintendo. Et, alors que leur rivalité à déjà été déclinée à toutes les sauces - kart, tennis, golf, mimijeux, et même baston - Mario et Donkey Kong retrouvent ici leur terrain de prédilection : le jeu de plateforme en 2D.
Mario vs. Donkey Kong est la suite logique du Donkey Kong sorti en 1994 sur GameBoy (DK94), qui proposait, outre un remake du premier DK sorti sur arcade, une bonne centaine de niveaux mêlant habilement plateforme et réflexion. C'est donc une fois encore à l'aide de ses neurones que l'Homme va tenter de surpasser le singe.
La quête proposée par MvsDK est composée de 6 mondes, divisés en 8 niveaux chacun. Au cours des six premiers niveaux de chaque monde, Mario doit traverser deux sous-niveaux : dans un premier il faut chercher une clé et la rapporter à la sortie du niveau, dans un second il faut trouver le Mini-Mario prisonnier afin de le libérer. Ensuite, dans le septième niveau, le jeu consiste à guider les Mini-Mario ainsi délivrés jusqu'à une boîte à jouets (nous y reviendrons). Enfin, chaque monde se clôt par un affrontement old-school contre DK, dans la plus pure tradition de la série - c'est-à-dire, à grands coups de tonneaux dans la tronche.
The Logical Kong
Mais avant d'en arriver à de telles extrémités, Mario devra utiliser sa matière grise, car chaque niveau de MvsDK est une énigme à résoudre. Pour en venir à bout, il faut jongler avec un certain nombre de paramètres. Des interrupteurs de couleur font apparaître alternativement des blocs rouges, jaunes ou bleues, qui tantôt vous aident à avancer, tantôt bouchent le passage. D'autres leviers changent le mouvement des tapis roulants et autres passerelles mobiles. Les ennemis peuvent être détruits, mais peuvent parfois servir de plateformes improvisés pour franchir des zones impraticables comme les piques. Et ainsi de suite...
Si ces mécanismes sont simples à appréhender, leur combinaison, de plus en plus complexe au fil du jeu, rendent la tâche du plombier de plus en plus délicate. Passé le troisième monde, certains niveaux sont de véritables casse-tête (puzzle-games, littéralement) ; et les petits niveaux ne sont pas forcément les plus simples. Il n'est pas rare de rester de longues secondes à chercher la solution et, comme tout se déroule en temps limité, de perdre plusieurs vies avant de réussir l'énigme. Stressant !
Des lemmings dans la boîte
Comme si cela ne suffisait pas, Nintendo a ajouté une nouveauté par rapport à DK94, en s'inspirant du concept de Lemmings, le célèbre puzzle-game du début des années 90. Dans le septième niveau de chaque monde, Mario n'est plus seul à devoir atteindre son but, mais doit guider les six Mini-Mario qu'il a délivrés dans les niveaux précédents dans leur boîte à jouets.
Pour ce faire, il suffit de montrer le chemin à ces Mario miniatures, qui s'empressent de vous suivre. La difficulté vient du fait que les Mini-Mario ne peuvent emprunter le même chemin que leur maître : impossible pour eux de faire de grands sauts ou d'emprunter les échelles ; en revanche ils peuvent passer dans les passages étroits inaccessibles à Mario. A vous de gérer les deux parcours ! Sachant qu'il suffit que seul un des protagonistes (miniature ou non) meure pour que la partie soit perdue : de quoi mettre vos nerfs à rude épreuve.
Réflexes et acrobaties
Jeu de réflexion, MvsDK n'en reste pas moins fidèle au genre qui a vu naître les aventures du gorille et du plombier, à savoir un jeu de plateforme à la fois technique et intuitif. Technique, parce que la moindre erreur de manipulation, le moindre manque de précision se traduit le plus souvent par la perte d'une vie. Intuitif, parce que malgré la pléthore de mouvements disponibles, toutes les combinaisons de touches pour les réaliser sont d'une simplicité enfantine.
Mario maîtrise en effet moult acrobaties qui lui permettent de se sortir des situations les plus difficiles : il peut sauter (saut simple, double, saut périeux arrière), faire le poirier et marcher sur les mains, gravir échelles et lianes, s'accrocher et se balancer sur les câbles pour sauter plus haut, ou encore se servir des éléments du décor ou de son fameux marteau pour balayer ses ennemis.
Voilà qui offre assez de possibilités pour faire de Mario vs. Donkey Kong un petit jeu sympathique offrant une quête simple mais addictive. Cependant, par sa maîtrise parfaite du genre, Nintendo arrive à en faire un excellent titre.
Une réalisation au service du gameplay
Premièrement, la réalisation, en plus de remettre un jeu au concept éprouvé au goût du jour, ne laisse rien au hasard. Ainsi, si les décors sont peu variés et assez dépouillés - malgré quelques animations et distorsions -, ce n'est que pour rendre l'action plus lisible ; un atout indispensable à tout puzzle-game qui se respecte. De même, les éléments avec lequel le joueur interagit (plateformes, blocs, interrupteurs, objets, monstres) sont modélisés de manière assez simple - en dépit de quelques effets 3D sommaires pour l'animation - et sont surtout vivement colorés, ce qui rend la lecture du jeu parfaitement limpide.
Mario a quant à lui bénéficié d'un soin tout particulier. Comme dans un Donkey Kong Country ou un Mortal Kombat, le sprite de notre héros a été décomposé à partir d'un modèle en 3D. Ce qui lui donne, en plus d'un aspect plus réaliste - au regard des autres éléments du graphisme -, des animations très détaillées et de toute beauté qui mettent en valeur la vaste palette d'actions réalisables par le plombier.
Enfin, musiques et sons ont également été bien pensés. Les nostalgiques retrouvent avec plaisir quelques thèmes récurrents des jeux Mario et Donkey Kong. Mais les musiques d'ambiance, malgré une relative discrétion (peu de mélodies faciles à retenir, contrairement à beaucoup de titres Nintendo), sont avant tout destinées à entretenir le stress et la tension du joueur ; la bande-son a des airs de swing et autres musiques de films à suspense. Parallèlement, les bruitages sont d'une efficacité redoutable, mêlant effets empruntés quasiment tels quels au premier Donkey Kong, et bruitages cartoonesques. Il en va de même des voix des protagonistes, qui donnent un aspect vivant et loufoque au jeu ; entre les "Mamma mia" de Mario et des Mini-Mario, les grognements de Donkey Kong et les hurlements des Toads.
La griffe Nintendo
Au delà de la réalisation, c'est la finition avec laquelle Nintendo a peaufiné ce titre qui en impose. L'habillage est exemplaire, et ne laisse place à aucune approximation. Les multiples scènes d'introduction et les interludes entre niveaux sont jolis et souvent tordants. Les menus sont clairs, faciles d'utilisation et très complets. La traduction française est sans faute, ce qui est loin d'être le cas dans tous les jeux, même actuels.
Le jeu se démarque aussi par sa jouabilité et son accessibilités exemplaires. Alors que les contrôles sont déjà faciles à appréhender, les petits tutoriaux qui introduisent tous les niveaux, ainsi que des points d'interrogation dispersés dans ces derniers, vous aident à maîtriser les mouvements de Mario et vous donnent même quelques indices pour la résolution des énigmes. Impossible de se perdre, et inutile de consulter quelque manuel d'utilisation.
Mais ne vous y trompez pas, si MvsDK est accessible à tous, en venir à bout à 100% constitue un longue et difficile quête. Une fois les 48 niveaux bouclés, le mode "Plus" succède au mode "Normal". 42 niveaux supplémentaires sont proposés, bien plus difficiles que les premiers, avec à chaque fois un Mini-Mario à conduire à la sortie, et de nouveaux affrontements encore plus corsés contre Donkey Kong.
Enfin, si le courage ne vous abandonne pas, ce n'est qu'en trouvant les étoiles de chaque niveau (en les finissant en un temps record et avec tous les objets) que vous débloquerez les 12 niveaux du mode "Expert". Bref, si l'on est prêt à se replonger dans les tableaux déjà traversés, la centaine de niveaux proposée au total par MvsDK assure une durée de vie conséquente, d'autant que la difficulté est au rendez-vous.
En conclusion, Mario vs. Donkey Kong constitue un excellent jeu de plateforme/réflexion, à la fois accessible et difficile, dans la plus pure lignée de son ancêtre sur GameBoy Donkey Kong 94. Avec un graphisme coloré et une bande-son de qualité, Nintendo parvient à mette à jour un genre éprouvé, en y ajoutant même quelques innovations empruntées à l'antique Lemmings, en plus d'un savoir-faire certain en matière de finition et de gameplay.
Ce titre fait partie de ces rares jeux, comme Tetris, qui provoquent à la fois stress et addiction. Il n'est pas rare d'éteindre la console de rage, après avoir échoué maintes fois à un même niveau... avant de rallumer sa GBA quelques instants plus tard pour en découdre à nouveau. Si l'on y ajoute sa réalisation perfectionniste, ce MvsDK peut donc raisonnablement se hisser au rang de référence du genre.
- Graphisme : 7/10 - Colorés sans être très détaillés, ils permettent une lisibilité optimale.
- Animation : 8/10 - Celle de Mario est hallucinante ; les autres sont moins travaillées.
- Maniabilité : 10/10 - Sans faille, à la fois riche, précise et très intuitive.
- Musique/Son : 8/10 - Bande-son en accord avec le genre, bruitages et voix excellents.
- Durée de vie : 8/10 - 102 niveaux, la difficulté en plus !
- Intérêt : 8/10
Ce test a été soumis à la publication sur Nihon-fr.com le 14/11/2005, mais n'a pas pu être publié à cause de l'arrêt des activités du site.